"Moi, j'écris pour agir" - Vie de Voltaire (M. GALLO)
Pour parler clairement, les biographies m'ennuient. Pourquoi avoir choisir d'en lire une, me direz-vous ? Ben... un peu parce que j'étais obligée... j'avais participé à l'opération Masse critique de Babélio et parmi les multiples croix que j'avais cochées, c'est celle-ci qui fut retenue :
"La statue et la gloire de Voltaire cachent l'homme de chair. C'est celui-là que Max Gallo veut ranimer dans cette Vie de Voltaire. De sa naissance à sa mort, à 84 ans, à une décennie de la Révolution, on voit surgir un homme décidé à forger son destin jour après jour, mot après mot. Des milliers de vers, des dizaines de tragédies, essais, contes, pamphlets, études historiques, et près de quarante mille lettres, cette œuvre, cette vie reflètent tout le XVIIIe siècle, celui des Lumières, du parti philosophique, de la lutte pour la tolérance, l'abolition de la torture. Voltaire veut être le visage majeur de ce temps décisif. " Moi, j'écris pour agir ", dit-il. " Il faut dans cette vie combattre jusqu'au dernier moment. " Mais tout cela, immense, n'est rien encore. Max Gallo dévoile les autres visages de Voltaire : ambition, habileté, prudence, goût de la richesse. Impitoyable et méprisant. Grincheux et souffreteux, mais capable de passion pour la " sublime Emilie ". Homme de contradictions. Courtisan et courageux. Roué de coups parce que roturier et jeté à deux reprises à la Bastille, mais ne cédant pas. Plaçant la liberté au-dessus de tout. Désireux d'" écraser l'Infâme ", l'Église, mais écrivant que " si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ". Voyant " les hommes tels qu'ils sont : des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue ", mais ajoutant " où est l'amitié est la patrie."
Il se trouve que (par le plus grand des hasards et surtout celui de la nécessité), je me trouve plongée (entre autres) dans l'oeuvre de VOLTAIRE. Donc, soyons logique, ce livre aurait pu, aurait dû même, me plaire. Mais non, ça n'a pas marché. La raison première en est que je n'ai jamais pu adhérer au style de Max GALLO et, partant, m'intéresser à ce qu'il racontait. La côté "narration in vivo", pris sur le vif, m'a prodigieusement ennuyé. Raconter une vie au présent afin de la rendre plus proche, ça ne fonctionne pas avec moi. Ensuite, il faut bien le reconnaître, et c'est la raison pour laquelle les biographies m'ennuient, c'est que je n'ai pas trop envie de connaître le pire des grands hommes, qui plus est lorsqu'ils sont grand écrivains. Leurs petites mesquineries m'ennuient, et ce livre en est truffé.
Il a de la peine à se lever. Son bas-ventre est plein d'un feu ardent qui le dévore. Mais il veut contenir et dominer la douleur, oublier ses entrailles purulentes, ces glaires jaunâtres, pus mêlé à des filets de sang que, lorsqu'il peut enfin uriner, il considère avec effroi.
La mort est en lui, si présente que, la souffrance devenue forte, il en oublie les heures de bonheur et de gloire qu'il vient de vivre.
C'est comme si la maladie de son corps gangrenait non seulement sa vessie, son ventre, mais Paris et Versailles. (chapitre 55)
Enfin j'ai regretté le peu de place accordé aux oeuvres de Voltaire. Vous me direz, ce n'est pas ce que les lecteurs recherchent... Mais je vous répondrai : à quoi bon savoir que VOLTAIRE avait des problèmes gastriques, quand on sait que c'est l'homme qui a écrit :
Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! Qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langage divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.
VOLTAIRE, "Prière à Dieu", Traité sur la Tolérance, 1763.
Reste un contexte politique et historique bien rendu, c'est déjà ça...