Le livre à lire... dans ma cuisine (M. DONZEL)
Voilà exactement le genre de livre qui vous donne faim et puis - trois p'tits tours et puis s'en vont - vous laisse sur le bord du chemin, affamés.
A priori, disais-je donc, la quatrième de couverture était plus qu'alléchante : "Des livres qui vous apprennent à cuisiner, vous en avez déjà des tonnes. Mais le temps que vous passez dans votre cuisine ne s'arrête pas à la préparation des recettes. C'est quoi, au fond, une cuisine? Que peut-on y faire, quand on n'est pas occupé à y couper, verser, touiller...? Que peut-on apprendre de ce lieu chargé d'autant de poésie que de mystère? Vous ne saviez pas que faire pendant la cuisson de vos plats? Le livre à lire... dans ma cuisine est le compagnon qui vous manquait, l'indispensable guide des cuisiniers amateurs et des gourmands professionnels, de tous ceux qui confessent un plaisir - un peu coupable - à "traîner dans la cuisine" des heures durant... "
A lire ces lignes, on imagine un ouvrage érudit tout en restant amusant, plein de gourmandises, eh bien non, rien de tout cela. Il s'agit d'une compilation autour de la cuisine : "testez votre vocabulaire culinaire", "10 bonne raisons de ne même pas chercher à entrer dans une taille 36", " la liste des aliments interdits avant un baiser", "les verbes de la cuisine", "les troubles du comportement alimentaires", etc... Loin d'être un livre construit autour des plaisirs de la cuisine, c'est un ouvrage construit avec ce que d'autres ont dit sur la cuisine. C'est souvent très cliché. Et cela manque sérieusement de saveur...
Il y a une chose qui m'échappe à propos des restaurants... Les garçons s'y font payer pour cuisiner, alors qu'à la maison les filles font ça gratis, presque sans râler ! je trouve quand même bizarre qu'on appelle un garçon qui cuisine chef, que toute une armée d'apprentis et de commis se mette au garde-à-vous dès qu'il entreprend vaguement de se gratter le nez, et qu'il ait le droit d'insulter tout le monde en hurlant devant les caméras de télé qui s'extasient de son talent. Alors qu'une fille qui cuisine, on l'appelle maman, on se mouche le pif dans ses jupes et c'est après elle qu'on braille si la pitance traîne à être servie et qu'on risque de rater le début du feuilleton à la télé. c'est juste ça que je dis.
Et je m'étonne d'une ou deux choses au passage. Par exemple, quand la progéniture rentre de l'école en hurlant : "qu'est-ce qu'on maaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaangemaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaange?", je me demande bien ce qui retient les mamans de répondre : "Mais ce que tu auras préparé, mon chéri, pendant que maman glandait au café avec ses copines." Les mamans pourraient aussi dire : "Tu ne manges pas, mon ange, parce que maman n'a pas du tout envie que tu grandisses, maman préfère que tu restes petit et mignon et que tu continues de n'aimer qu'elle, à jamais et à) la folie." Si les mamans disaient ça, les psys deviendraient très très riches, et en récompense, ils pourraient redistribuer un pourcentage aux mamans.
Marie DONZEL, Le Livre à lire... dans ma cuisine, 2008.