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  • Clap de fin... 2007

    Imprimer Catégories : Blowing in the wind

    C'était en 1989, le film racontait les tribulations de deux amis, puis non, et puis oui, à nouveau. Cela se passait à New York, l'automne et surtout l'hiver, avec Central Park tout doré et le Rockfeller Center tout illuminé. Il y avait la voix de Harry CONNICK junior qui sussurait "It had to be you"... C'était le Réveillon... Et c'était sa déclaration...

    Quand Harry rencontre Sally (When Harry met Sally), Rob REINER, 1989.

    Remarques : 2 moments-culte qui me reviennent encore

    • le couple de petits vieux asiatiques où la mamie ressemble furieusement à Paul PREBOIST (si, si, allez voir)

    • la réplique du "sacrifice" :

    Harry Burns : And was it worth it ? The sacrifice for a friend you don't even keep in touch with ?
    Sally Albright : Harry, you might not believe this, but I never considered not sleeping with you a sacrifice.

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  • L'affaire de la bûche ratée de Cyril LIGNAC (enfin, de son magazine...)

    Imprimer Catégories : Les chroniques de Ronchonnette Casse-Bonbons

    J'ai hésité quant à l'emplacement où classer ce billet : la logique aurait voulu qu'il soit placé en catégorie "Desserts", le problème, c'est que ledit dessert s'est révélé tellement immangeable qu'il méritait plutôt de figurer en bonne place dans les trucs qui me font râler. D'où mon choix...

    Commençons par le début : l'achat du numéro 5 de Cuisine by Lignac. Une couverture festive, un Cyril LIGNAC tout sourire, tout partait bien. Et puis la rubrique relooking. Le principe ? prendre une recette de base, classique de chez classique, et la moderniser. C'est ainsi qu'ils ont relooké la salade de fruits, le melon au jambon ou encore la tarte (la moins convaincante des réalisations à mon avis). Cette fois-ci, l'équipe se proposait de relooker la bûche et d'en proposer une version arty. Finie le pseudo bout de bois, place à la bûche cubiste, "avec ses lignes carrées et ses cubes"...

    Et c'est ainsi que je me suis entendue dire à ma mère : "Pour la bûche, pas de souci, je m'en occupe"... Fatale erreur.

    D'abord, c'est la liste des ingrédients, qui a de quoi vous donner une attaque : 19 oeufs, 570 g de sucre, 250 g de beurre !

    Puis la réalisation de la chose. Imaginez une génoise qui serait réalisée de la manière suivante : "Casser les oeufs et les mélanger avec le sucre, faire chauffer la préparation  au bain-marie tout en fouettant activement". Quand la pâte forme un ruban, retirez-la du feu et fouettez au batteur électrique jusqu'à ce qu'elle double de volume." Premier souci : vous pourrez fouetter autant que vous voulez un mélange d'oeufs et de sucre que vous faites chauffer, vous n'obtiendrez jamais de ruban ! Tout au plus un vague filet un peu gluant. Deuxième souci : la taille du moule rectangulaire n'est pas précisée ; donc vous versez votre préparation dans un moule rectangulaire plat et vous obtenez... une pâte d'environ un bon centimètre et demi une fois cuite, c'est-à-dire que pour faire neuf morceaux parfaitement carrés, il faudra vous lever tôt !

    Pleine d'allant et toujours propre à m'adapter, je décidai alors non plus de faire des cubes, mais d'empiler les deux génoises en quatre morceaux, soigneusement calibrés par mon époux.

    Étape suivante, la préparation de la soi-disant crème au beurre. Et là, encore, je cite : "Mélanger l'eau et le sucre dans une casserole et porter à ébullition. Trempez une fourchette dans le sucre et si en la retirant il commence à y avoir des fils, retirer la casserole du feu. Laisser le sirop refroidir puis versez-le sur les jaunes d'oeufs. Là encore, essayez seulement de laisser refroidir un sirop de sucre qui a commencé à filer et vous obtiendrez quoi ? un début de caramel dur au fond de la casserole !

    Je jetai donc le magma et recommençai, m'arrêtant avant le filage pour obtenir quelque chose qui reste suffisamment liquide. "Battez au batteur électrique. Quand le mélange a blanchi, incorporez petit à petit le beurre." (les 250 g, rappelez-vous...). Je vous passe le fait que le sirop de sucre battu avec des jaunes d'oeufs n'a jamais vraiment blanchi et j'en arrive à la finalisation de la recette : le montage.

    La fameuse "crème au beurre" avait passé une nuit au réfrigérateur. Pourtant, lorsqu'il fallut s'en servir pour monter la bûche, elle se révéla, sous la fine mousse de cinq millimètres vaguement durcie, complètement liquide ! D'où le dégoulis dans le plat. Du coup, j'ai quand même essayé de finir avec la ganache au chocolat, pour tromper l'ennemi. Ça a marché... jusqu'à ce qu'ils goûtent...

    Buche

    Remarques :

    • Dans le genre étouffe-chrétien, c'était parfait.
    • Heureusement, Picard était là...
    • J'ai décomplexé ceux qui me trouvaient grande cuisinière et bien mérité le livre qui m'a été offert ce Noël :

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  • Joyeuses fêtes !

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    Jardin_24_12

    Joyeux Noël !

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  • L'univers féerique de Miss Clara

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    Il y a quelques jours une enveloppe de conte de fées est arrivée chez moi :

    Courrier_1

    Tout ça, c'est la faute de Magnard), je n'ai pu que succomber à cet album somptueusement illustré par Miss Clara. Regardez un peu ce que cette jeune illustratrice a fait de la fameuse robe couleur de temps :

    robesoleil_2

    Le travail de Miss Clara est une pure délicatesse : elle crayonne d'abord son univers sur le papier, puis elle façonne de petits personnages en fil de fer, papier de soie et papier à cigarette qu'elle dispose dans un décor créé par ses soins, et enfin elle les photographie et retravaille ses clichés sous Photoshop. Son agent en parle beaucoup mieux que moi ici.

    J'avoue être complètement tombée sous le charme de cet univers, et comme Gawou donnait une kyrielle de sites afin de découvrir l'univers de cette artiste, j'ai atterri sur celui de La Marelle en papier, redoutable : des cartes que l'on toutes envie d'encadrer, de petits cahiers, de grands cahiers, des albums de coloriages, des "missels agnostiques", bref, un enchantement... et plein d'idées-cadeaux de dernière minute !

    Pour ma part, je me suis rendue sur le site de Miss Clara, où l'on peut admirer son travail et - même - acheter ses oeuvres originales. Vous y découvrirez le "Sentier des coquecigrues", ses "Papiers cousus", ses "Falbalas et fanfreluches" ou encore le "Cabinet des fées"... Et, si vous êtes sages, comme moi, alors peut-être recevrez-vous aussi aussi une belle enveloppe, avec votre nom calligraphié en longues lettres à l'encre et vous trouverez à l'intérieur plein de trésors :

    Courrier_2

    Car le talent de Miss Clara est présent jusque dans les plus petits gestes du quotidien : même ses envois postaux sont des bonheurs de raffinement et de délicatesse, un fouillis de papier de soie enluminé et cacheté, de ficelles joliment nouées, et de petites cartes glissées dans les plus grandes. Telle une magicienne, elle redonne aux grands l'impatience des petits ouvrant leurs surprises. Bienvenue dans son monde...

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  • Des idées de recettes pour les fêtes

    Imprimer Catégories : Index

    En consultant les recettes les plus consultées et les mots-clef les plus tuilisés pour entrer dans Ma Cuisine rouge, j'ai décidé de vous faciliter la tâche en rassemblant ici quelques unes des recettes les plus "festives". Voici donc, par catégories :

    APERITIF

    ENTREES

    PLATS

    DESSERTS

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  • Petit déjeuner dominical à Istanbul (E. SHAFAK)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Pour moi, la Turquie, jusqu'à présent, cela se résumait à quelques vagues clichés : Sainte-Sophie, la Cappadoce, les clubs de foot de Galatasaray et Fenerbahçe, et un chiffon rouge agité régulièrement par nos politiques : l'entrée de la Turquie dans la Communauté européenne.

    Je me souvenais bien qu'en classe de Cinquième, nous avions évoqué Byzance, puis Constantinople, mais bon, Istanbul, le génocide arménien, tout ça, c'était très vague...

    La_B_tarde_d_Istanbul

    Et puis le roman d'Elif SHAFAK est arrivé. Et là, d'une part tout s'est éclairé, mais surtout, tout s'est humanisé. Toutes ces entités sont devenues concrètes et ont pris visage humain, féminin surtout. En cette proche fin d'année, je mettrais sans aucune hésitation La Bâtarde d'Istanbul dans mes romans préférés de l'année 2007. J'ai dé-vo-ré ce livre et sa lecture fut un pur bonheur ! Tout y était : l'histoire, complexe, retorse et rebondissante à souhait, les personnages, pittoresques et attachants, le style, fait d'acidité, d'humour, de nonchalance, de gourmandise et de précision, et l'arrière-plan, enfin, cette Turquie qui a voulu faire table rase de l'avant-1923, ce confluent d'un monde d'une richesse incomparable et qui aura été sacrifié sur l'autel du XXème siècle, cette civilisation perdue, comme le dit si bien Amin MAALOUF dans sa préface : "un vieux rêve aujourd'hui malmené, celui d'un Orient aux langues et aux croyances multiples, celui de cette galaxie d'étoiles resplendissantes qui avaient pour nom Alexandrie, Salonique, Smyrne, Beyrouth, Bagdad, Sarajevo, et d'abord, à tout seigneur tout honneur, la sublime et millénaire Constantinople où se côtoyaient des Serbes, des Albanais, des Bulgares, des Polonais en rupture de ban, des chrétiens échappés de Mésopotamie et des Juifs chassés d'Espagne..."

    L'histoire ? elle est multiple. C'est celle des familles Kanzanci et Tchakhmakhchian, celles des cousines Asya la Turque et Armanoush l'Arménienne. Histoires d'exils, de familles, de destins. Le roman d'Elif SHAFAK est plein d'odeurs, de saveurs, d'épices (chacun des chapitres porte d'ailleurs un titre "alimentaire", de "cannelle" à "pignons de pin"). Voici donc un :

    PETIT-DÉJEUNER DOMINICAL A ISTANBUL

    " Je rêve ! Tu es exactement dans la position où je t'ai trouvée il y a une demi-heure ! Qu'est-ce que tu fais encore au lit, espèce de fainéante ?

    Tante Banu venait de passer la tête dans sa chambre, sans avoir éprouvé le besoin de s'annoncer avant. Elle portait un voile d'un rouge si lumineux que, de loin, on aurait dit une grosse tomate bien mûre.

    - Nous avons vidé tout un samovar en t'attendant, princesse. Allez, viens. Haut les coeurs ! Tu sens cette odeur de sucuk grillé ? Ça ne te donne pas faim ?

    Elle referma la porte sans attendre de réponse.

    Asya grommela entre ses dents, remonta la couette jusqu'à son nez et se tourna de l'autre côté.

    Article quatre : Si les réponses ne t'intéressent pas, ne pose pas de questions.

    Au milieu de l'effervescence caractéristique d'un petit déjeuner du week end, elle entendit le thé s'écouler du robinet d'un samovar, les sept oeufs bouillir dans la marmite, les tranches de sucuk grésiller dans la poêle à frire, et les émissions défiler sur l'écran de la télé : dessins animés, clips vidéo, nouvelle locales, informations internationales. Asya n'avait pas besoin d'aller jeter un oeil au salon pour savoir que grand-mère Gülsüm régnait sur le samovar, que tante Banu - qui avait retrouvé son appétit après ses quarante jours de pénitence soufie - grillait le sucuk, et que tante Feride zappait, incapable de choisir un programme et suffisamment schizophrène pour en absorber plusieurs en même temps ; tout comme elle brûlait de se consacrer à tant d'activités différentes qu'elle finissait par ne rien faire du tout. [...]

    La table pliante du petit déjeuner était dressée depuis longtemps. En dépit de son humeur grognon, Asya ne put s'empêcher de noter que, lorsqu'elle était ainsi parée, cette table s'harmonisait parfaitement avec l'immense tapis couleur brique dont les motifs floraux intriqués étaient mis en valeur par une belle bordure corail. Il y avait des olives noires, des poivrons rouges farcis aux olives vertes, du fromage frais, du fromage tressé, du fromage de chèvre, des oeufs durs, des gâteaux au miel, de la sauce buffalo, de la confiture d'abricot et de la confiture de fraise faite maison et de tomates à la menthe et à l'huile d'olive, présentés dans de jolies coupes en porcelaine. Le fumet délicieux des böreks, ces délicats feuilletés fondants au fromage frais, aux épinards, au beurre et au persil, arrivait de la cuisine.

    Elif SHAFAK, La Bâtarde d'Istanbul, 2007.

    A savoir : Elif SHAFAK a été amenée devant la justice turque pour avoir "insulté l'identité nationale". Elle encourait une sentence de trois ans de prison et a été finalement acquittée.

    "Les histoires de famille s'entremêlent de telle sorte que des événements survenus il y a plusieurs générations peuvent influer sur le présent. Le passé n'est jamais mort et enterré.

    La vie est une coïncidence, même si parfois, il vous faut un djinni pour vous en rendre compte." (E. SHAFAK)

     

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  • Gratin de courge muscade

    Imprimer Catégories : Légumes

    A la maison, la courge, c'est mon mari. Enfin, je veux dire, le spécialiste ès préparations cucurbitacées, c'est lui. Il n'a pas son pareil pour la découper, la trancher et, enfin, l'accommoder. Et depuis que nous bénéficions de paniers bio, ses gratins n'en sont que plus délicieux, puisque la courge y est absolument somptueuse, d'un goût et d'une finesse incomparable. Celui-ci est tout simple, mais absolument délicieux. Voici donc le :

    GRATIN DE COURGE MUSCADE

    Pour 4, il faut :

    • Un bon quart voire une moitié de courge (tout dépend de la taille du bestiau)
    • 100 g de fromage râpé
    • sel, poivre
    • 40 cl de lait
    • 20 g de beurre demi-sel
    • 4 cuillères à soupe de farine

    Peler et découper la courge en gros morceaux. La faire cuire à l'autocuiseur, six minutes après le chuchotement de la soupape.

    Préparer la béchamel en faisant fondre le beurre. Verser la farine d'un coup et mélanger, puis ajouter progressivement le lait. Tourner jusqu'à épaississement. Saler et poivrer au goût.

    Écraser la courge à la fourchette et incorporer la béchamel. Verser le tout dans un plat à gratin beurré. Saupoudrer de fromage râpé et enfourner pendant une petite demi-heure, th 6 (180°).

    Gratin_courge

    Remarques :

    • La photo ne rend malheureusement pas justice au plat...
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  • Loin de vous ce printemps (M. WESTMACOTT)

    Imprimer Catégories : Ma Bibliothèque... verte !

    Je n'avais encore jamais eu la curiosité de me pencher sur les romans "autres" d'Agatha CHRISTIE. J'ai été et je reste une inconditionnelles de ses romans policiers, de facture si classique et si similaire, mais d'une telle efficacité. De la même manière, j'apprécie les Patricia WENTWORTH pour leur charme désuet. Vous pouvez lire à ce sujet la discussion entamée chez Clarabel.

    Je me souviens que la première fois que je suis allée en Angleterre, j'avais l'impression de me promener dans un Agatha Christie ! Le moindre petit cottage fleuri m'évoquait les rues de St Mary Mead, le fief de Miss Marple ! Un peu comme aller à New York me donnait l'impression d'être dans Woody ALLEN.

    Loin_de_vous

    Je savais qu'Agatha CHRISTIE avait tâté du "roman conventionnel". N'osant utiliser son nom de plume "connu", elle avait adopté celui de Mary WESTMACOTT pour publier trois romans. Tombant par hasard sur l'un d'eux, Loin de vous ce printemps, je m'y suis plongée. C'est drôle car s'il n'est pas du tout un whodunit, cela reste néanmoins un Agatha CHRISTIE pur jus : une femme qui part explorer son passé à la manière d'un détective, l'ironique habitude de fustiger des personnages appartenant à une société bien codifiée, une narration qui recourt énormément au style indirect libre, qui permet de restituer les pensées du personnage tout en restant dans un point de vue apparemment extérieur, les références shakespeariennes, un pessimisme profond, tout Agatha CHRISTIE y est !

    "Joan Scudamore, l'héroïne de ce récit, est une femme parfaite et consciente de l'être. Jusqu'au jour où, désoeuvrée, obligée d'attendre en plein désert le train qui la ramènera dans son douillet petit nid anglais, elle commence à évoquer son mari, ses trois enfants...

    Détective lancée sur sa propre vie passée, elle rassemble, petit à petit, les pièces du puzzle : une parole, un geste de l'un de ses proches, et un portrait se dessine, inattendu, horrible - le sien..."

    Il faut bien reconnaître que ce roman n'a pas l'efficacité redoutable d'un des romans policiers de la grande Agatha. S'il se lit sans déplaisir, la dernière partie sombre un peu dans le verbeux et finit par tourner en rond. Cependant, l'idée est intéressante et les conclusions, ma foi, assez édifiantes...

    L'extrait que j'ai choisi se situe au coeur du roman : Joan, partie se promener une fois de plus dans le désert afin de fuir la miséreuse pension où elle tourne en rond, attendant son train, croit s'être perdue.

    Elle pressa le pas. A tout prix, il fallait s'éloigner de cet horrible Relais, de ce tombeau, de cet endroit tellement lugubre où elle étouffait...

    Où l'on imaginerait facilement des fantômes...

    Mais quelle idiotie ! Cette bâtisse portait bien la marque d'une construction récente, vieille tout au plus de deux ans.

    Un édifice neuf ne pouvait être hanté de fantômes, tout le monde le savait.

    Non, s'il y avait des fantômes  au Relais, c'est qu'elle, Joan Scudamore, les créait de toutes pièces.

    Mais cette pensée-là, justement, était odieuse.

    Elle accéléra le pas.

    "En tout cas, se dit-elle résolument, personne ne se moquera de moi, ici. Je suis strictement seule. Je suis sûre de ne rencontrer personne."

    Elle était dans le cas de... Qui donc ? Était-ce Stanley et Livingstone qui s'étaient rencontrés par hasard dans la brousse africaine ?

    "Docteur Livingstone, je présume ?"

    Elle ne courait pas de risque semblable, ici. Le seul être qu'elle pouvait rencontrer, c'était Joan Scudamore !

    Quelle idée baroque ! Rencontrer Joan Scudamore !

    "Ravie de faire votre connaissance, Mrs Scudamore !"

    Au fond, c'était intéressant...

    Faire la connaissance de soi-même...

    Être présentée à soi...

    Mais, Dieu ! quelle horreur !

    Elle marcha de plus en plus vite et en vint presque à courir, en trébuchant un peu. Et ses pensées trébuchaient, comme ses pieds.

    Mary WESTMACOTT, Loin de vous ce printemps, Le Livre de poche, 1944.

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  • Noël avant l'heure ! - "Truffes" (Colette)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    L'autre soir, le père Noël des gourmets est passé avant l'heure chez nous... Bon, il ne s'appelait pas Noël, il n'avait pas de hotte bien chargée, seulement un pot de confiture sans confiture mais plein de parfums enchanteurs :

    Truffes

    Comment décrire le parfum de la truffe noire cueillie de la veille ? Il est... indomptable. Unique, à la fois sauvage et suave, plein du goût de la terre et cependant d'une infinie sophistication, c'est bien simple, on n'a qu'une envie : en mettre de partout ! Alors, en attendant les recettes, je ne résiste pas à vous rapporter les mots de COLETTE pour évoquer les truffes. Voici donc :

    TRUFFES

    Tout est mystère, magie, sortilège, tout ce qui s'accomplit entre le moment de poser sur le feu la cocotte, le coquemar, la marmite et leur contenu, et le moment plein de douce anxiété, de voluptueux espoir, où vous décoiffez sur la table le plat fumant. [...]

    On ne fait bien que ce qu'on aime. Ni la science, ni la conscience ne modèlent un grand cuisinier. De quoi sert l'application où il faut l'inspiration ? Je suis née dans un pays de province où l'on gardait encore, comme le secret d'un parfum ou d'un onguent miraculeux, des recettes que je ne trouve dans aucun codex culinaire. On les transmettait de bouche à oreille, l'occasion d'une fête carillonnée, le jour du baptême d'un premier-né, d'une "confirmation". Elles échappaient, pendant le long festin de noces, à des lèvres desserrées par le vieux vin :ainsi ma mère reçut en confidence la manière de préparer certaine "boule" de poulet, projectile ovoïde cousu dans une peau de poule désossée. Comment recomposer maintenant le secret de cette "boule" débitée, sur la table, en larges tranches rondes où brillaient l'oeil noir de la truffe, la verte fève de la pistache ?

    Du moins j'appris - dans une Puisaye truffière dont le sol nourrit une truffe grise, de bonne odeur et de goût nul - à me servir de la vraie truffe, la noire, la périgourdine. C'est la plus capricieuse, la plus révérée des princesses noires. On la paie son poids d'or, le plus souvent pour en faire un piètre usage. On l'englue de foie gras, on l'inhume dans une volaille surchargée de graisse ; on la submerge, hachée, de sauce brune, on la marie à des légumes masqués de mayonnaise... Foin des lamelles, des hachis, des rognures, des pelures de truffe ! Ne saurait-on l'aimer pour elle même ? Si vous l'aimez, payez sa rançon royalement, ou écartez-vous d'elle. Mais l'ayant achetée, mangez-la seule, embaumée, grenue, mangez-la comme un légume qu'elle est, chaude, servie à fastueuses portions. Elle ne vous donnera pas, une fois étrillée, grand-peine ; sa souveraine saveur dédaigne les complications et les complicités. Baignée de bon vin blanc très sec - gardez le champagne pour les banquets, la truffe se passe très bien de lui - , salée sans excès, poivrée avec tact, elle cuira dans la cocotte noire couverte. Pendant vingt cinq minutes, elle dansera dans l'ébullition constante, entraînant dans les remous et l'écume - tels des tritons joueurs autour d'une noire Amphitrite - une vingtaine de lardons, mi-gras, mi-maigres, qui étoffent la cuisson. Point d'autres épices ! Et "raca" sur la serviette cylindrée, à goût et à relents de chlore, dernier lit de la truffe cuite ! Vos truffes viendront à la table dans leur court-bouillon. Servez-vous sans parcimonie ; la truffe est apéritive, digestive. Croquez la gemme des terres pauvres en imaginant, si vous ne l'avez pas visité, son désolé royaume. Car elle tue l'églantier, anémie le chêne, et mûrit sous une rocaille ingrate. Imaginez l'hiver périgourdin sévère, la rude gelée qui blanchit l'herbe, le cochon rose dressé à une prospection délicate...

    COLETTE, "Rites" in Prisons et Paradis, 1932.

    Autre citation, dont je ne trouve plus la référence :

    Si j'avais un fils à marier, je lui dirais : "Méfie-toi de la jeune fille qui n'aime ni le vin, ni la truffe, ni le fromage, ni la musique."

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  • Jack Bauer treize ans plus tôt...

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    Le jeudi soir, c'est sacré : dès que Canal recommence la diffusion de 24 heures chrono, on couche de force les enfants, on décroche le téléphone et on n'est plus là pour personne. Ah, les prouesses de Jack, qui vit, meurt et ressuscite trois fois par saison, ses soucis familiaux et surtout, les miracles de la technologie, ces téléphones portables qu'on ne recharge jamais, ces satellites qui trouvent tout en un temps record. Mais imaginez la même série treize ans plus tôt...

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