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  • Départ et crevettes grillées au sel et poivre

    Imprimer Catégories : Poissons

    Si j'aime les voyages, je déteste les départs. Les préparatifs m'exaspèrent, j'y suis absolument nulle. Chaque fois je me dis que je devrais faire une liste-type et m'y tenir, mais bien évidemment, cette bonne résolution disparaît sitôt les vacances passées et c'est chaque fois la même chose. Je sors des tonnes de choses, sachant pertinemment que nous n'en porterons pas la moitié, j'en prends les trois-quarts d'inutile ("tu crois vraiment que les polaires sont nécessaires ? - mais oui, range-les avec les produits solaires !") et j'en oublie bien sûr ! C'est ainsi qu'on se retrouve avec une serviette de toilette petit format pour quatre et/ou pas de sous-vêtements.

    Lorsque j'étais jeune, libre et célibataire, je faisais un sac en trois minutes, y mettais n'importe quoi et ne m'en prenais qu'à moi. Maintenant que je suis moins jeune, moins libre et mariée-mère de famille, c'est pire. Parce que je culpabilise. Mais ça ne change rien, je hais les départs comme d'autres haïssent les dimanches. Et pour corser le tout - ça doit être une réaction à ce stress qui monte en moi - c'est souvent le moment où je décide de me lancer dans la cuisine. Tiens, ce midi, ne faisais-je pas des brochettes de Saint-Jacques au chorizo au lieu de préparer ma trousse de toilette ?

    Pour rester dans le poissonneux, je vous propose aujourd'hui une recette que j'ai expérimentée voici quelques jours en dégustant le fameux Chinon-rosé dont j'ai déjà fait état. Voici donc mes :

    CREVETTES GRILLEES AU SEL ET POIVRE

    Pour 4, il faut :

    • 400-500 g de crevettes fraîches -ou fraîchement décongelées...
    • une poignée de sel
    • une cuillère à soupe de poivre
    • une cuillère à soupe d'huile d'olive

    Faire chauffer une poêle profonde avec le sel et le poivre. Quand ces derniers crépitent, y jeter les crevettes et remuer sans cesse.

    Quand les crevettes sont de moins en moins grises et de plus en plus roses, et que le sel a blanchi au fond de la poêle, ajouter l'huile d'olive et continuer à remuer jusqu'à cuisson complète. Servir sans attendre.

    crevettes

    Remarques :

    • C'est ultra-simple mais absolument délicieux : la crevette juste saisie développe tous ses arômes, c'est un bonheur.
    • Ne pas lésiner sur le sel et le poivre qui disparaissent à la cuisson

    Maintenant, je pars pour un pays de saveurs, d'odeurs, de douceur de vivre, de "ce parfum léger et subtil, fait de thym et d'amandier, de figuier et de châtaigner… et là encore, ce souffle imperceptible de pin, cette touche d'armoise, ce soupçon de romarin et de lavande… Mes amis !... Ce parfum… C'EST..."

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  • Sept et sept et un parfait aux foies de volaille

    Imprimer Catégories : Entrées

    A mon tour de m'y coller : les tagueurs ont frappé ! Me voici condamnée à révéler sept choses me concernant, puis à demander à sept autres personnes d'en faire de même, chose que je ne manquerais pas de leur signaler via un petit commentaire sur le blog. Pour ma part, c'est Sandra qui m'a piégée. Et comme j'aime beaucoup Sandra, que je lui dois un carré d'aromatiques absolument superbes, surtout ma sauge, je ne peux que me plier à la règle. Voici donc :

    SEPT CHOSES QUE VOUS IGNORIEZ ENCORE DE MOI...

    1. Je n'aime pas les alccols forts ni la bière. Mon truc à moi, c'est le vin, le champagne et la sangria - que j'évite soigneusement car je ne peux y résister !
    2. J'aime la Normandie pour sa lumière incomparable.
    3. Je déteste qu'on lise par desssus mon épaule.
    4. J'ai le mal des transports : je suis malade en voiture quand il y a trop de virages, j'ai le mal de mer et je suis écoeurée après deux heures d'avion.
    5. Je n'aime pas éplucher les légumes. Les fruits non plus d'ailleurs.
    6. Ma première pensée lorsque j'ai eu mon bac fut de me dire : "Chouette, plus jamais deux heures de sport obligatoires par semaine !" Depuis, mes baskets de l'époque dorment toujours dans mon placard - état impeccable.
    7. Je suis une fan absolue et inconditionnelle de Brigitte BARDOT... en tant qu'icône éternelle de la beauté. Je la trouve sublime, lumineuse, d'une photogénie à couper le souffle, et je dois possèder pas loin de deux cents photos - rangées dans des boîtes chez mes parents.
    8. Sept est le chiffre de mon mois de naissance...

    Voilà ! Je ne suis pas persuadée d'avoir fait progresser la science et la recherche avec ces révélations fracassantes, mais en contrepartie, je vous renvoie à Sandra et à un petit pâté aux foies de volaille qu'elle a proposé voici quelques temps et que je lui ai intégralement emprunté. Il faut dire qu'elle l'avait elle même piqué à Jamie Oliver. Voici donc le :

    PARFAIT AUX FOIES DE VOLAILLE

    Parfait_foies

    Et pour la recette, c'est ici.

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  • Opération tomate - le bilan... et une terrine !

    Imprimer Catégories : Légumes

    Rappelez-vous, il y a quelques temps de cela, je me réjouissais de l'ouverture à Lyon d'une librairie culinaire : Badiane. Depuis, je m'y suis rendue régulièrement. Pour feuilleter des livres ou assister à des moments tout à fait originaux de rencontres avec des "amateurs émérites" : j'y ai ainsi appris à faire les pâtes fraîches avec Clément ou encore les gnocchis avec Valentina. C'est d'ailleurs à cette occasion que Catherine, l'hôtesse et aide-marmiton quand il le faut, m'a proposé d'intervenir dans leur cuisine.

    Vous pensez bien que la suggestion m'a d'abord effrayée : moi ? présenter ma spécialité ? mais je n'en ai aucune ! Je suis juste curieuse, gourmande, j'aime essayer de nouvelles choses et, pire que tout, je me lasse assez vite. Là dessus mon mari ne me fut d'aucun secours : "Toi ? faire une démonstration de cuisine ? mais qu'est-ce que tu pourrais faire ?" Il est toujours agréable de se sentir soutenue... Il a quand même essayé de se rattraper : "Mais y plein de choses que tu fais bien... Oh si, j'ai une idée ! Et si tu faisais ton bavarois au saumon ?" ledit bavarois étant une mousse de tomate sur une mousse de saumon frais, le tout entouré de saumon fumé, la chose me semblait bien peu réalisable en deux heures. Je le remerciai et passai à autre chose. Néanmoins l'idée germait : et si je proposais quelque chose autour de la tomate ? Après tout, c'était de saison, il y avait plein de possibilités et... j'adorais ça !

    Je soumis l'idée à Catherine et c'est ainsi qu'est née L'OPÉRATION TOMATE. L'idée : proposer en deux heures trois recettes autour de la tomate : une ratatouille, une mousse légère et une tarte croustillante. Le grand jour arriva : l'avant-veille, Catherine m'avait préparé psychologiquement : "C'est une période un peu creuse, on a cinq personnes de prévu..." Ouf, avais-je songé in petto. Résultat des courses : plus d'une dizaine de personnes assises face à moi ce samedi ! L'air sympathique, notez bien, voire érudites pour certaines (elles avaient lu mon blog...), mais guettant mes moindres gestes de pauvre cuisinière bavarde, oublieuse ici du basilic pourtant cueilli le matin même dans mon jardin ou de la tapenade, touche finale de la ratatouille !

    Midi arriva et, oh miracle, tout était prêt : la ratatouille confite à souhait, la tarte croustillante et la mousse onctueuse, je pouvais respirer...En récompense, je m'octroyai un nouveau livre de recettes (j'avais repéré le Philippe CONTICINI) et, pour rester dans l'esprit tomate, je vous propose la recette que j'ai testé cette semaine avec le Chinon-rosé que nous avons dégusté. Voici donc une :

    TERRINE DE TOMATES AU BASILIC

    Pour 6 personnes, il faut :

    • 800 g de tomates (ébouillantées, pelées et découpées en cubes) ou 2 boîtes de cubes de tomate
    • un oignon
    • une gousse d'ail
    • 3 oeufs
    • une botte de basilic
    • du thym et du romarin
    • une cuillère à café de sucre
    • de l'huile d'olive
    • du sel et du poivre

    Émincez l'oignon et le faire revenir dans cinq cuillerées à soupe d'huile d'olive pendant cinq minutes. Salez et remuez pour que l'oignon confie sans brûler.

    Ajouter les tomates, saler, poivrer, sucrer et laisser cuire à couvert, à feu moyen, pendant trois quarts d'heure environ.

    Huiler une terrine et la réserver. Ciseler le basilic et faire préchauffer le four, th 6 (180°).

    Ajouter l'ail haché, le basilic, le thym et le romarin dans les tomates. Laisser refroidir cinq minutes.

    Battre les oeufs, saler et poivrer légèrement et les incorporer à la tomate. Verser le mélange dans la terrine et enfourner pour une bonne trentaine de minutes.

    terrine_tomate

    Remarques :

    • J'ai emprunté en la modifiant à peine la recette au dernier Saveurs, celui de Juillet-Août 2007.
    • Servie fraîche, avec une salade ou un peu de charcuterie, c'est délicieusement rafraîchissant (je sais, je me répète, mais c'est frais, quoi !).
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  • Menu rose, vin rosé et rose aux joues

    Imprimer Catégories : Les chroniques de Ronchonnette Casse-Bonbons

    Décidément, je n'en finirais jamais de m'extasier sur ce blog ! Non content de me permettre de m'épancher sur tout et rien, de rencontrer via les mails plein de gens très sympathiques, voilà qu'il m'incite à boire ! Or, vous me connaissez, il ne faut pas beaucoup me pousser pour m'inciter, dans ce domaine-ci... mais avec modération, bien sûr...

    Ça a donc commencé comme ça : baguenaudant sur la Toile, je découvris que les vignerons de Chinon avaient décidé de faire connaître le Chinon rosé. Et que dans cette intention, ils offraient à tous les blogueurs volontaires pour affronter cette rude tâche deux bouteilles du dit Chinon rosé. Je ne tardais pas à me faire connaître afin, moi aussi, de goûter la chose.

    Domaine_du_Clos_GodeauxUne semaine plus tard, deux bouteilles me parvenaient, celles, joliment rosées, du domaine du Clos-Godeaux de Philippe BROCOURT. Précisons ici quelques petites choses avant d'aller plus avant. J'aime cuisiner, j'aime manger et j'aime qu'un bon vin accompagne ces plaisirs. Cependant, loin de moi l'idée de me prétendre connaisseuse en quelque manière. Le vin pour moi se résume à un ensemble de sensations, plus ou moins agréables, plutôt plus que moins, mais en aucun cas je n'y vois un cérémonial. Chez nous, le connaisseur, c'est plutôt mon mari. D'ailleurs n'a-t-il pas été outré lorsque, il y a quelques temps de ceci, je répondais à un questionnaire sur le vin justement et où j'expliquais que mon meilleur souvenir viniphile était un Sancerre rouge bu en Normandie : "Quoiiii ? un Sancerre rouge ? avec tous les grands crus qu'on a bus ensemble ?" Ben oui, mais moi, c'est ce Sancerre rouge qui m'a marqué, que voulez-vous... Tout ça pour dire que je ne suis qu'une dilettante dans le domaine de l'oenologie.

    Alors le rosé... Pour moi ce fut longtemps, question d'éducation, une piquette. Le vin de ceux qui n'y connaissaient rien. J'ai souvenance d'une discussion au restaurant la table à côté de moi qui, après avoir commandé un menu par ma foi assez conséquent, concluait par : "Comme vin ? oh, un rosé, ça va avec tout !"

    Et puis j'ai changé d'avis. Reconnaissons que les producteurs de rosés ont contribué à ce changement. Certes il subsiste d'infâmes choses qui vous détruisent les maxillaires, vous ruinent la paroi stomacale ou vous amènent les larmes aux yeux, mais disons que je suis désormais entourée de personnes possédant suffisamment de discernement pour éviter ces inconvénients. Désormais, j'aime le rosé. Je l'aime en apéritif, servi frais mais pas trop, avec des tapas de charcuterie principalement, je l'aime en accompagnement de grillades, avec des andouillettes toutes justes grillées au barbecue, et surtout, avec la paëlla de mon papa. Il est vrai que je bois essentiellement des rosés de Provence et que j'étais tout à fait curieuse d'en découdre avec quelque chose de plus septentrional.

    Pour accompagner ce fameux Chinon rosé, j'ai donc choisi de rester dans le rose : terrine de tomates et crevettes grilléesChinon_ros_ au sel et poivre.

    D'abord l'aspect : une jolie couleur, rose pas tout à fait tendre mais lumineux. Notez sur la photo le verre à moitié plein - ou à moitié vide, selon que vous soyiez optimistes ou non - signe que la dégustation a commencé et que oups ! j'ai oublié de prendre une photo ! A sentir - "le nez, voyons !" - eh bien, ça ne sent pas grand-chose. A tourner dans le verre, le vin se révèle un peu gras sur les parois. C'est plutôt bon signe pour ma paroi stomacale...

    On goûte. Il est un poil trop frais (la buée sur le verre en est la preuve, mais il faut dire qu'il fait au moins trente chez nous, TOUT condense !) mais très agréable. Le goût de fruits est là, bien sûr, et nous engageons alors, mon terrine_tomateépoux et moi, une discussion passionnée pendant laquelle nos enfants auront compris qu'ils peuvent se livrer aux pires bêtises, nous ne le remarquerons pas, trop occupés à reconnaître quels fruits sont emprisonnés dans les verres que nous nous versons - modérément bien sûr. Lui parle de mûre, j'évoque plutôt la grenade, douce et sucrée. Au fur et à mesure de notre échauffement (les crevettes grillées au sel et poivrecrevettes y sont pour quelque chose aussi...), le vin se bonifie : désormais, il est à bonne température, juste chambré et nous tombons d'accord : ce n'est pas un de ces rosés qui se boit sans soif, pour le seul plaisir de boire frais, non. Ici, il s'agit d'un vin dans le plein sens du mot, avec un corps qui s'accorde parfaitement avec notre repas. Et c'est vrai qu'il y a des arômes de groseille, "mais alors,pas acide, la groseille, un peu cranberrie, quoi..."

    La bouteille est presque vide, il n'en reste qu'un verre, le repas est fini, mes joues sont... rosées. Et là, une remarque de mon cher et tendre : "N'empêche que je suis sûr qu'avec des andouillettes grillées, il irait super bien aussi..." Ça tombe bien, il nous reste une bouteille !

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  • Le verbe et non la viande (M. BARBERY)

    Imprimer Catégories : Littérature gourmande

    Une_GourmandiseMuriel BARBERY est le dernier auteur dont on cause. Ne vient-elle pas d'écrire L'Élégance du hérisson, sur lequel les éloges pleuvent ? Alors par contradiction, ce n'est pas de ce dernier dont je vais vous parler, mais du premier roman roman qu'elle a publié, en 2000 : Une Gourmandise. Vous pensez bien qu'un tel titre ne pouvait que m'interpeller...

    Une Gourmandise, ce sont les derniers jours d'un critique gastronomique, "le plus grand", "le Maître", celui sur lequel les superlatifs pleuvent. Il va mourir, il le sait, il n'en a ni remords ni regrets. Simplement, il voudrait, avant que tout s'arrête, retrouver LA saveur, celle qui lui "trotte dans le coeur", "la vérité première et ultime de toute [sa] vie". Et ainsi sur  une  trentaine de courts chapitres vont s'égrener souvenirs et témoignages d'une vie vouée au bien-manger.

    Le roman est court, il n'est pas pour autant facile. La langue y est précise, souvent précieuse et un peu ampoulée. Les références littéraires abondent, entre les lignes, comme souvent dans les premières oeuvres. Le passage que j'ai choisi de vous présenter m'a paru convenir parfaitement à notre situation : manger et en parler, et se délecter autant de le faire que de le dire. Voici donc :

    LE VERBE ET NON LA VIANDE

    Quatre huîtres claires, froides, salées, sans citron ni aromates. Lentement avalées, bénies pour la glace altière dont elles recouvraient mon palais. "Ah, il ne reste plus que celles-là, il y en a avait une grosse, douze douzaines, mais les hommes, quand ça rentre de l'ouvrage, ça mange bien." Elle rit doucement.

    Quatre huîtres sans fioritures. Prélude total et sans concession, royal en sa frustre modestie. Un verre de vin blanc sec, glacé, fruité avec raffinement - "un saché, on a un cousin en Touraine qui nous le fait pour pas cher !".

    Une mise en bouche. Les gars à côté causaient voiture avec une faconde inouïe. Celles qui avancent. Celles qui n'avancent pas. Celles qui renâclent, qui regimbent, qui rechignent, qui crachotent, qui s'essoufflent, qui peinent dans les côtes, qui dérapent dans les virages, qui broutent, qui fument, qui hoquettent, qui toussent, qui se cabrent, qui se rebiffent. Le souvenir d'une Simca 1100 particulièrement rétive s'arroge le privilège d'une longue tirade. Une vraie saloperie, qui avait froid au cul même en plein été. Tous hochent la tête avec indignation.

    Deux fines tranches de jambon cru et fumé, soyeuses et mouvantes, dans leurs replis alanguis, du beurre salé, un fragment de miche. Une overdose de moelleux vigoureux : improbable mais délectable. Un autre verre du même blanc, qui ne me quittera plus. Prologue excitant, charmeur, allumeur.

    Quelques asperges vertes, grosses, tendres à s'en pâmer. "C'est pour vous faire attendre pendant que ça réchauffe, dit précipitamment la jeune femme, croyant sans doute que je m'étonne d'un plat de résistance aussi chiche. - Non, non, lui dis-je, c'est magnifique." Tonalité exquise, champêtre, presque bucolique. Elle rougit et s'éclipse en riant.

    Autour de moi, ça continue de plus belle sur le gibier qui traverse inopinément les routes de la forêt. [...] Ils rigolent comme des gosses.

    Des "restes" (il y a de quoi nourrir un régiment) de poularde. Pléthore de crème, de lardons, une pointe de poivre noir, des pommes de terre dont je devine qu'elles viennent de Noirmoutier - et pas une once de gras.

    La conversation a dévié de sa route première, elle s'est engagée dans les méandres sinueux des alcools locaux. Les bons, les moins bons, les franchement imbuvables ; les gouttes illicites, les cidres trop fermentés, aux pommes pourries, mal lavées, mal pilées, mal ramassées, les calvados de supermarché qui ressemblent à du sirop et puis les vrais calvas, qui arrachent la bouche mais parfument le palais. La goutte d'un fameux Père Joseph déclenche les plus beaux éclats de rire : du désinfectant, c'est sûr, mais pas du digestif !

    [...] Une tarte aux pommes, pâte fine, brisée, craquante, fruits dorés, insolents sous le caramel discret des cristaux de sucre. Je finis la bouteille. A dix-sept heures, elle me sert le café avec le calva. Les hommes se lèvent, me tapent dans le dos en me disant qu'ils vont travailler et que si je suis là ce soir, ils seront contents de me voir. Je les embrasse comme des frères et promets de revenir un jour avec une bonne bouteille.

    Devant l'arbre séculaire de la ferme de Colleville, sous la houlette des cochons qui lochent dans les malles pour le plus grand plaisir des hommes qui le content ensuite, j'ai connu l'un de mes plus beaux repas. La chère était simple et délicieuse mais ce que j'ai dévoré ainsi, jusqu'à reléguer huîtres, jambon, asperges et poularde au rang d'accessoires secondaires, c'est la truculence de leur parler, brutal en sa syntaxe débraillée mais chaleureux en son authenticité juvénile. Je me suis régalé des mots, oui, des mots jaillissant de leur réunion de frères campagnards, de ces mots qui, parfois, l'emportent en délectation sur les choses de la chair. Les mots : écrin qui recueillent une réalité esseulée et la métamorphosent en un moment d'anthologie, magiciens qui changent la face de la réalité en l'embellissant du droit de devenir mémorable, rangée dans la bibliothèque des souvenirs. Toute vie ne l'est que par l'osmose du mot et du fait où le premier enrobe le second de son habit de parade.

    Muriel BARBERY, Une Gourmandise, 2000.

    Index des extraits de Littérature gourmande

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  • Omelette moelleuse à l'oseille

    Imprimer Catégories : Entrées

    Ça a commencé comme ça, comme dirait Céline : mardi soir, nous étions plusieurs à être perplexe devant une botte verte. C'était quoi ? une nouvelle sorte de salade ? un aromate géant ? certains ont bien hasardé "de l'oseille" mais d'autres (dont moi) se sont  récriés que non, l'oseille, c'était plus rond, plus vert, plus... Quoiqu'il en soit, c'était bien de l'oseille. Du coup a germé l'idée d'en faire une omelette, où le moelleux se mêlerait à l'acidité de l'oseille. Et c'est ainsi qu'est née cette :

    OMELETTE MOELLEUSE A L'OSEILLE

    Pour 2 ou 3, il faut :

    • 5 oeufs
    • 3/4 d'un verre de lait
    • 3/4 d'un verre d'eau
    • une belle botte d'oseille
    • 25 g de beurre
    • du sel et du poivre

    Laver, équeuter et hacher gros l'oseille. La faire revenir quelques minutes à la poêle avec le beurre.

    Casser les oeufs et les battre vigoureusement, avant d'ajouter sel, poivre, lait et eau. Battre encore puis verser le tout dans la poêle et faire cuire à feu moyen.

    Surveiller en permanence en repoussant les bords cuits pour faire venir l'oeuf cru. la cuisson prend entre 8 et10 minutes si tout va bien.

    Servir sans attendre avec une salade.

    Omelette

    Remarques :

    • L'effet volontairement à mi-chemin entre l'omelette et les oeufs brouillés créent une sensation délicieuse avec la fondue d'oseille.
    • On peut faire cuire d'avantage mais c'est plus sec.
    • L'eau permet une évaporation plus lente et donc une consistance plus moelleuse.
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  • Pizza blues

    Imprimer Catégories : Ailleurs

    Il pleut. Il n'arrête pas de pleuvoir. Le jour, la nuit, le soir. Hier, il grêlait même. Un effrayant bruit de mitraille sur nos toits métalliques. En plus, il fait froid. L'humidité s'insinue partout. Tiens, pas plus tard que ce matin, j'ai dû me lever parce que j'étais gelée dans mon lit ! Imaginez-vous : me lever pour me réchauffer avec mon petit déjeuner !

    Avec ça, vous comprendrez sans peine que je n'ai rien écrit sur mon blog depuis six jours ! Si c'est pour raconter ma dernière soupe de légumes, merci bien ! Ou alors... la dernière pizza ! C'est Gracianne qui nous avait toutes déculpabilisées en parlant d'utiliser de la sauce toute prête. Après plusieurs tests, la Buitoni a mes préférences. Surtout celle aux cèpes : un régal. Voici donc la :

    PIZZA DES JOURS DE BLUES

    Pour 6 personnes (environ), il faut :

    Pour la pâte :

    • 500 g de farine
    • un demi-cube de levure de boulanger
    • 300 g d'eau
    • 1 cuillère à soupe de sel
    • 2 cuillères à soupe d'huile d'olive

    Et hop, tout ça dans la MAP (ordre : eau, sel, huile d'olive, farine, levure diluée dans un peu d'eau tiède) pour une heure trente.

    Après, on étale, on forme de pizzas et on garnit.

    Pour la garniture :

    • une boîte de sauce Buitoni aux cèpes
    • une brique de Tomacoulis
    • 4 tranches de jambon cuit
    • 4 tranches de jambon cru
    • des anchois, des olives
    • de la mozzarella rapée

    Etaler la moitié de la sauce aux cèpes puis la moitié du tomacoulis.

    Déposer les lanières de jambon, cuit sur une pizza, cru sur l'autre.

    Ajouter éventuellement des anchois ou des olives.

    Saupoudrer de mozzarella.

    Enfourner à four très chaud pendant un bon quart d'heure (regarder couler la mozzarella) avant de servir.

    Pizza

    Remarques :

    • il n'y a pas à dire, ça réconforte !
    • en même temps, ça réconforterait aussi un jour de grand beau !
    • autre modèle de pizza ici
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  • Croustillant au crabe et aux crevettes

    Imprimer Catégories : Entrées

    Le ELLE de la semaine dernière présentait un reportage absolument hilarant. Cela s'intitulait "Campez chic" et c'était un florilège de perles bobos à mourir de rire. En vrac, je vous cite : "débarrassez de la vulgaire tente bleue et jetez votre dévolu sur un tipi, le comble du chic romantique", chic à partir de 1160 euros quand même... ou alors : "Remplacez le vieux tapis de la tente par un kilim qui réchauffera l'ambiance"... Et bien sûr : "Cuisinez au dessus d'un feu de camp plutôt qu'un réchaud" ou encore "Remplacez les conserves et les nourritures déshydratées par de vrais plats".

    C'est donc dans un souci de proposer de "vrais plats" que je suis partie à la recherche d'entrées originales, pas trop longues à réaliser, fraîches et surtout délicieuses. En feuilletant le premier livre de Cyril LIGNAC, je suis tombée sur cette recette de croustillant au crabe, que j'ai adaptée. Voici donc le :

    CROUSTILLANT CRABE-CREVETTES

    Pour 4, il faut :

    • 170 g de chair de crabe
    • 100 g de petites crevettes décortiquées
    • 200 g de fromage blanc battu
    • un pot de guacamole
    • une tomate
    • sel, poivre
    • une cuillère à soupe de jus de citron
    • 2 cuillères à soupe de ciboulette
    • 12 feuilles de filo
    • 40 g de beurre fondu
    • des feuilles de basilic
    • Tabasco
    • 40 g de pignons de pin

    Faire fondre le beurre. En badigeonner les feuilles de filo et les assembler deux par deux en intercalant une ou deux feuilles de basilic. Cuire au four à 160° pendant une dizaine de minutes. Les laisser refroidir sur du papier absorbant en attendant le dressage.

    Pendant ce temps, préparer la garniture : égoutter et rincer la chair de crabe et les crevettes.

    Faire griller les pignons de pin.

    Mélanger le guacamole et le fromage blanc, ajouter le crabe et les crevettes, la tomate coupée en dés, la ciboulette, le trait de Tabasco, le citron, les pignons et mêler le tout. Saler et poivrer si c'est trop fade.

    Dresser les assiettes : disposer une plaque de filo, une cuillère à soupe du mélange, recouvrir d'une autre plaque et monter ainsi trois épaisseurs de mille-feuilles. Servir sans attendre.

    Croustillant_au_crabe

    Remarques :

    • C'est à la fois croustillant, léger et frais.
    • La recette initiale utilisait de l'avocat réduit en purée mais le guacamole, ça a l'avantage d'être tout prêt !
    • Vous pouvez ajouter plein d'herbes différentes !
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